Vos paroles dans la nuit comme un poison doux-amer dans mes veines. Vous parliez de Nous comme certains parlent d’eux, avec assurance et conviction. Je n’avais mon mot à dire. A mon cœur épris ne retentissait pourtant qu'affres & dégoûts, une indicible douleur. Je finissais par croire qu’une belle figure cachait nécessairement une âme aussi noire que ce parfum de café illuminant mes insomnies. Aussi noire que mes mensonges. Vos courbes avantageuses frôlaient mon corps trop attentif à vos discours pour dissimuler la moindre ardeur. C’est que j’étais tombé bien bas ma chère, j’étais tombé amoureux. J’avais quitté mon île pour me retrouver suspendu à chacune de vos injonctions. Plus je vous regardais, plus je désirais vous faire mienne. Cette rencontre n’était pas fortuite, je l’ai su à votre tendre minois. Je vous trouvais un peu défaite, ouvrant la porte, au lieu de je ne sais quel ami convenu. Le soir n’était pas dupe non plus, mais lui sait s‘accommoder des belles à l‘improviste. Il a offert à votre regard une délicieuse ombre, à votre bouche un galbe si conquérant qu’il me détournait presque de votre funeste récit. A présent je devine la cause de mon trouble : il venait de ce que votre impudeur bafouait mes lèvres éperdues. J’étais mendiant, vous étiez ma reine. Je portais un vulgaire pull au col en v découvrant mon souffle ému, vous étiez une vénusté ne laissant que vos clavicules nues. Moi qui dorénavant n’attends plus un mot, en vous regardant ce soir là vous avais dans la peau. Moi le joueur infidèle, vous la prude asservie. Je me suis pris au jeu comme le vicomte à la Tourvelle, et je reviens vers vous comme Peter à sa Clo’ éternelle. Car ce soir là j’étais l’amant & vous étiez la cruelle.
C'est cent fois pire qu'un portrait me condamnant à l'éternelle jeunesse.
Il est de ces mots indicibles et pourtant tièdes encore.
De ces yeux irrésolus tendus vers le ciel & l'ailleurs que je ne saurais vous conter.
Sentir sous sa peau brûlante une idée naître. Doucement, presque langoureusement, elle vient, passe et bat la mesure.
Le vent s'engouffre à coup de vagues subversives entre chacunes de mes respirations, entre mes cheveux épars et les mots jonchant le sol. Une à une, mes élucubrations se fondent et s'appréhendent  à la lueur de l'aube. Chaque courbe s'accouche par un douloureux principe. Ratures et froissement du filigrane.
On peut désormais percevoir un doux bruissement, vert et opaque, celui des arbres.
'La débauche à la mode a beau mimer la galanterie, en profondeur elle la mine.'

http://walk-the-line.cowblog.fr/images/1/4413008.jpg





'Pour moi ne comptent que ceux qui sont fous de quelque chose, fous de vivre, fous

de parler, fous d'être sauvés, ceux qui veulent tout en même temps, ceux qui ne bâillent jamais, qui ne disent pas de banalités, mais brûlent, brûlent, brûlent comme un feu d'artifice.'
Kerouac

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast